
9 étapes pour l'installation d'une micro station individuelle
Voici comment installer soi-même une micro-station d’épuration individuelle. Cette installation d’assainissement non collectif (ANC) permettra de collecter vos eaux usées, de les traiter et de les rejeter dans le milieu naturel. Ceci demande de bien prendre connaissance des préconisations légales et techniques qui permettront le bon fonctionnement et la longévité de la station. Puis il vous faudra un peu d’huile de coude et le matériel adapté au terrassement de votre terrain.
Au sommaire
Étape 1 : Étude de votre projet d’ANC avec une microstation d’épuration
Une installation d’épuration individuelle des eaux usées efficace et durable doit faire l’objet d’une étude de conception afin d’identifier vos besoins et vos contraintes, et ainsi faire le choix des technologies adaptées. Cette étude vous permettra de déterminer le budget de votre assainissement non collectif.
Localisation et contraintes de votre terrain
Votre habitation est-elle en zone à usage sensible ?
Dans ce type de zone, l’installation d’une microstation peut être problématique. Des dispositions particulières peuvent être demandées localement du fait de la présence d’une alimentation en eau potable, zone de baignade, bassin d’élevage…etc. Renseignez-vous auprès de votre mairie ou du SPANC local.
Y a-t-il des contraintes particulières sur votre terrain ?
Vous devez savoir si votre parcelle présente des particularités comme une nappe phréatique proche de la surface, la présence d’un puits à proximité, quels sont les niveaux et dénivelés de votre terrain, s’il est inondable en cas de grosses intempéries…etc. Vous devez aussi faire votre étude en prenant en compte l’aménagement de votre parcelle comme les voies carrossables ou de parking, présence d’arbres avec racine en surface, les limitations d’accès pour les véhicules de chantier, etc. Autant de contraintes qui vous feront avancer vers le choix de la bonne installation.
L’évacuation des eaux usées non traitées
Pouvant être enterrée jusqu’à plusieurs dizaines de centimètres dans le sol, le niveau de la sortie des eaux usées non traitées aura une influence sur la profondeur d’enfouissement de la microstation. La pente de la canalisation D100mm entre la sortie eaux usées de votre maison et l’entrée dans la cuve de traitement doit être au minimum comprise entre de 2% et 4%. Il n’y a pas de contrainte de distance minimum entre la maison et la microstation.
Attention : L’utilisation d’un poste de relevage en amont de la micro n’est pas autorisée. En cas de panne non détectée de la pompe de relevage, la microstation pourrait se vider et tourner sans réalimentation d’eaux usées, ce qui pourrait rapidement la détériorer.
L’évacuation des eaux usées traitées
Votre sol est-il adapté pour traiter les rejets de la microstation ?
Avec une microstation, les eaux traitées restent impropres à la consommation humaine. Selon la perméabilité du sol naturel de votre terrain, elles peuvent être :
- Évacuées par infiltration dans la parcelle et l’irrigation de végétaux non destinés à la consommation humaine. Cette solution est privilégiée par la règlementation nationale pour les ANC < 20EH.
- Évacuées par infiltration dans le sol de la parcelle. Il faut alors prévoir la réalisation d’une tranchée d’infiltration. Une étude hydrogéologique préalable devra être faite par un bureau d’étude, elle permettra d’évaluer la faisabilité du projet, de mesurer la perméabilité du sol et de valider sa capacité à absorber les eaux traitées.
- Évacuées vers le milieu hydraulique superficiel. Soumis à l’autorisation du gestionnaire et du propriétaire du milieu récepteur, n’est envisageable si aucune autre solution d’évacuation n’est possible.
Un poste de relevage est envisageable pour rejeter les eaux traitées plus haut que le niveau de la microstation.
Ventilation des canalisations
Comme le préconise le XP DTU 64.1 P1-1, les canalisations à l’intérieur de l’habitation doivent être impérativement équipées de ventilation (salle de bain, toilettes), appelée ventilation primaire.
Contrairement aux fosses toutes eaux, certaines micro stations non pas besoin de ventilation secondaire car elles ne possèdent pas de système de prétraitement anaérobies et ne dégagent donc pas de gaz nécessitant cette ventilation.
Implantation de la microstation
Ci-dessous un schéma représentant les distances réglementaire à respecter. (A) étant la micro station d’épuration et (B) la zone d’infiltration en sous-sol.
Seule la distance de 35m minimum vis à vis d’un puits voisin est à respecter précisément du fait que les rejets d’une microstation ne permettent pas de garantir une eau propre à la consommation humaine. Les autres sont des valeurs recommandées. Elles peuvent être réduites en réhabilitation pour des raisons justifiées.
Le positionnement de la microstation peut se faire sans contraintes d’éloignement de l’habitation. Cependant, en prévision des futurs aménagements extérieurs (terrasse, piscine, garage...), nous conseillons de placer la cuve à 8 mètre minimum de la maison. A une distance supérieure à 10m, il vous faudra prévoir un bac de récupération des graisses car il existe un risque de colmatage par celles-ci au-delà d’une longueur de 10 m.
L’emplacement choisi doit être à l’écart des voies de circulation extérieures pour éviter les charges roulantes, sauf mise en œuvre spécifique avec dalle de répartition des charges en béton n’ayant aucune portance sur la cuve. Idem pour les charges statiques.
A savoir : Plus vous éloignez votre microstation de votre maison, plus elle devra être enterrée profonde (pour respecter la pente minimum d’écoulement). Dans certain cas, vous pourriez avoir besoin d’une rehausse, qui sert à compenser les pentes de terrains et les contraintes d'écoulement des eaux usées.
Attention : La microstation doit toujours être ensevelie entièrement tout en laissant apparaitre les tampons et dispositifs de fermeture.
Vous devez aussi déterminer l’emplacement des différents regards de visites car l’installation enterrée doit être à tout moment accessible pour faire son entretien et son contrôle.
Dimensionnement de la microstation
Le dimensionnement dépend de la capacité maximum d’habitant que peut accueillir votre habitation (et non pas du nombre d’habitant réel). Pour dimensionner une installation ANC dans une maison individuelle, il suffit de compter le nombre de pièces principales (PP) qui est égale à l’équivalent habitant (EH), selon la formule PP = EH.
Une pièce principale est une pièce de séjour ou de sommeil possédant une ouverture sur l’extérieur et avec une hauteur sous plafond d’au moins 2,5 mètres. Les pièces principales des éventuelles dépendances doivent être comptabilisées. Sont considérées comme pièces principales (article R 111-1-1 et R 111-10 du code de la construction et de l’habitation):
- Chambres
- Cuisines
- Salles d’eau
- WC
- Buanderie
Dans le cas d’une habitation surdimensionnée par rapport au nombre d’habitants, il vous faudra mener une étude particulière.
Il vous faudra aussi prendre en compte les projets d’évolutions futurs liés à l’agrandissement de l’habitation, et donc du coup, à l’augmentation du nombre de pièces principales.
Le taux d’occupation de l’habitation a aussi son importance. En effet, l’installation sera différente entre une maison d’habitation principale et une habitation secondaire non occupée régulièrement. Il vous faudra alors acquérir une installation qui n’a pas besoin d’apports réguliers d’effluents pour fonctionner correctement.
Étape 2 : Obligations et démarches avant travaux
Avant de commencer la réalisation ou la réhabilitation de votre installation ANC, contactez le SPANC pour vérifier la conformité de votre projet. Le SPANC délivre une attestation de conformité. Celle-ci devra être fournie dans le cas d’un permis de construire ou d’aménager. Vous devrez aussi vous acquitter de la redevance…
Étape 3 : Réaliser la fosse et les tranchées
Tracez vos tranchées d’alimentation et l’emplacement de votre future microstation d’épuration à même le sol à l’aide de chaux. Rajoutez 20 - 30cm de plus autour de cuve pour faciliter son positionnement et mettre en place le remblai une fois la cuve posée.
La profondeur d’enfouissement de la microstation devra être calculée en fonction du niveau de sortie des eaux usées non traitées (sortie maison) et du niveau d’entrée des eaux dans la microstation d’épuration. La pente de la canalisation d’écoulement entre les deux doit être au minimum comprise entre 2% et 4%. La profondeur à creuser doit aussi tenir compte de la réalisation du lit de pose au fond de la fosse (voir plus bas).
Creusez la ou les tranchées d’arrivée des eaux usées.
Creusez la tranchée pour les câbles d’alimentation électrique.
Creusez la tranchée d’évacuation des eaux traitées vers l’épandage (en partie au moins pour pouvoir faire l’installation de la microstation sans être gêné par cette tranchée).
Étape 4 : Poser la microstation
La microstation doit être posée sur un lit de pose, plan et de niveau, qui ne comporte aucun point dur ou faible. Dans un sol sec, le lit de pose est constitué de sable humidifié tassé sur une hauteur de 10 à 20 cm. Dans un sol plus humide qui retient l’eau au fond du trou, le lit de pose sera réalisé avec 20cm de sable stabilisé (1m3 de sable mélangé à sec avec du ciment dosé à 200 kg).
Déposez ensuite la station dans la fosse. Vérifiez l’horizontalité à l’aide d’un niveau en prenant comme base le dessus de la cuve, couvercle enlevé. Effectuez ensuite la mise à niveau à l’arrivée du réseau d’eaux non traitées.
Remplissez ensuite les compartiments de la microstation à 1/3 de leur capacité avec de l’eau claire. Ceci permettra à la microstation de ne plus bouger en attendant le remblayage. Après remplissage, revérifiez les niveaux et fermez le capot de fermeture.
Étape 5 : Raccordement des canalisations
Le réseau de circulation des eaux doit se faire dans des tuyaux PVC D100mm, raccordés entre eux de façon étanche. Prévoyez d’installer ces canalisations de façon à ce qu’elle ne soit pas trop soumise à des efforts d’écrasement lors du tassement de la terre qui les recouvrira.
Installez votre réseau d’alimentation d’eau non traitée et raccordez-le à la microstation.
Installez votre réseau d’évacuation d’eau traitée vers la tranchée d’épandage ou autres procédés d’infiltration.
Étape 6 : Réalisation de la tranchée d’infiltration
Cette solution d’infiltration convient uniquement si l’étude de perméabilité de votre sol le permet. En fonction de la capacité d’absorption de votre sol et du volume d’eau traitée rejetée quotidiennement, il vous sera préconisé un certain nombre de mètres linéaires d’épandage.
Se référer aux préconisations du DTU 64.1 P1-2 pour le choix des géotextiles, canalisations, tuyaux, ... Les graviers sont lavés, stables à l’eau et d’une granulométrie comprise entre 10 et 40 millimètres.
Étape 7 : Raccordement électrique et mise en service
Installez votre réseau d’alimentation électrique. Utilisez une gaine D40mm et de fils 4 x 1,5mm². Au-delà de 15m, utilisez des fils 4 x 2,5mm². Amenez la gaine de câbles jusqu’au boitier de commande de la microstation en passant par les presses étoupes prévus à cet effet.
Important : Sur votre tableau électrique général ou sur un tableau électrique déporté, faites installer par un électricien un disjoncteur de protection thermique de 6 A au départ de la ligne d’alimentation et un système d’alerte (lumineux et/ou sonore) pour vous prévenir en cas de panne de la microstation.
Le raccordement électrique dans le coffret de commande de la microstation doit être fait par un technicien du fabricant. Cette mise en service comprend d’autres vérifications utiles pour le bon fonctionnement de l’installation.
Étape 8 : Vérification de la conformité
C’est le moment de vérité. Vous devez prendre rendez-vous avec le SPANC qui viendra contrôler que votre installation est conforme à votre projet d’origine et qu’elle est fonctionnelle.
Attention : De faite pas le remblayage de votre microstation avant que le SPANC soit passé!
Étape 9 : Remblayage
Le remblayage se fait par couches successives jusqu’à une hauteur suffisante au-dessus de la nature du sol, de part et d’autres des tampons.
Remblayage microstation dans terrain sec
2 20 cm sable stabilisé après pose et mise à niveau de la microstation
3 40 cm béton maigre (mélange sable et ciment)
4 120 cm sable
5 15 cm terre végétale (remblayage débarrassé des éléments pointus)
Remblayage microstation sous voies carrossables ou parking
1 10 cm (ou 20) radier d’ancrage (dalle de béton)
2 20 cm sable stabilisé après pose et mise à niveau de la microstation
3 40 cm béton maigre (mélange sable et ciment)
4 120 cm sable
5 10 cm mise en place d’une dalle de couverture (béton armé) + trappe d’accès de visite (tampons fonte)
6 5 cm Important ! prévoir un vide (mini 5cm) entre dalle et couvercle de la microstation
1 10 cm (ou 20) sable stabilisé (mélange sec avec ciment)
2 20 cm sable stabilisé après pose et mise à niveau de la microstation
3 (80 cm)* béton de lestage (*hauteur supérieure à la nappe)
4 (80 cm)* sable
5 (15 cm)* terre végétale (remblayage débarrassé de tout élément pointu)
* les hauteurs varient en fonction de la hauteur de la nappe mais restent proportionnelles aux indications.
Remblayage microstation sur nappe phréatique permanente
1 10 cm (ou 20) radier d’ancrage (dalle de béton)
2 20 cm sable stabilisé après pose et mise à niveau de la microstation
3 140 cm béton de lestage armé avec ancrages (tors 6 à 8 mm ou sangles SP)
4 40 cm sable
5 15 cm terre végétale (remblayage débarrassé de tout élément pointu)
option : dalle de couverture + 15 cm (béton armé)
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